Chapitre 5 - Supplément à l'intention du personnel de piste

Méthode de dégivrage et d'antigivrage en deux étapes

67.  En règle générale, on a recours à la méthode de dégivrage en deux étapes lorsque l'aéronef est contaminé et qu'il y a des précipitations pendant les opérations de dégivrage. La première étape se fait habituellement à l'aide d'un liquide de dégivrage; toutefois, dans certaines circonstances, on peut recourir à des technologies de dégivrage alternatives ou à des méthodes mécaniques.

68.  Le choix du type de liquide et de sa concentration repose sur la température ambiante, les conditions météorologiques et les durées d'efficacité voulues. Lorsque l'on procède en deux étapes, le point de congélation du liquide utilisé à la première étape ne doit pas être inférieure à 3°C au-dessus de la température ambiante. Le point de congélation d'un liquide de type I de la SAE utilisé en une seule étape, ou pour la deuxième étape d'une opération à deux étapes doit être d'au moins 10°C inférieur à la température ambiante. La deuxième étape doit être effectuée aussi rapidement que possible (dans les 3 minutes) après l'application du liquide de la première étape. La méthode en deux étapes doit parfois se faire secteur par secteur.

69.  Lorsque le liquide de dégivrage est utilisé à l'étape 1, l'application du liquide de deuxième étape rince le liquide de la première étape et le remplace par une pellicule de liquide d'antigivrage conçue pour être de la bonne épaisseur. Si le liquide de dégivrage a eu le temps de geler, il faut répéter l'étape 1. Voir le document ARP 4737 de la SAE pour de plus amples renseignements.

70.  Les liquides de type I de la SAE sont peu efficace comme agent d'antigivrage, en raison de leur courte durée d'efficacité. Les liquides des types II ou IV de la SAE utilisés comme agent de dégivrage et d'antigivrage ont parfois une température limite d'application de -25°C. La limite d'application peut être inférieure à condition qu'une valeur tampon de 7°C entre le point de congélation et la température ambiante soit maintenue et qu'on ait fait la démonstration que le liquide était acceptable du point de vue aérodynamique pour la température ambiante en question.

Première étape :

  • Appliquer du liquide de dégivrage chaud jusqu'à ce que les surfaces critiques de l'aéronef soient débarrassées de tous les contaminants gelés. On chauffe généralement le liquide de dégivrage de manière à ce que sa température soit comprise entre 60 et 82°C (140 à 180°F) à la sortie de la buse d'application.
  • Aucun contaminant gelé ne doit demeurer après l'application du liquide de dégivrage, y compris sous le liquide.
  • Pour des questions d'aérodynamisme, les surfaces de l'aéronef doivent être traitées de façon symétrique.

Deuxième étape :

  • Appliquer du liquide d'antigivrage sur les surfaces de l'aéronef avant que le liquide d'antigivrage ne commence à geler. En règle générale, l'application du liquide d'antigivrage devrait se faire dans les 3 minutes suivant le dégivrage à l'aide d'un liquide d'antigivrage chaud.

Avertissement

  • L'efficacité des liquides des types II, III et IV peut être considérablement réduite si les procédures prescrites ne sont pas respectées en cas d'application sur un liquide de type I. Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec le fabricant du liquide.
     
  • Il faut s'assurer que les liquides de type IV sont appliqués uniformément sur toutes les surfaces visées, et qu'une épaisseur adéquate du liquide est appliquée selon les recommandations du fabricant du liquide.

71.  La figure 2 montre comment procéder au dégivrage et à l'antigivrage systématiques et symétriques d'un aéronef lorsque les conditions météorologiques sont propices au givrage. Chacune des surfaces de l'aéronef demande une méthode particulière de nettoyage.

72.  Il faut généralement procéder au dégivrage et à l'antigivrage du fuselage en commençant par le haut. Si l'on procède manuellement au dégivrage de la partie supérieure du fuselage, plutôt qu'en utilisant le matériel de pulvérisation, il faut prendre garde de ne pas endommager les équipements en saillie (comme les antennes). Commencer par pulvériser la partie supérieure du fuselage à l'aide du liquide cryoscopique chaud permet au liquide de réchauffer les côtés du fuselage et d'enlever les accumulations en descendant. Ce procédé est également efficace pour dégivrer les fenêtres et le pare-brise du poste de pilotage. La pulvérisation directe sur ces surfaces peut provoquer un choc thermique qui risque de les faire criquer ou craqueler. Le dégivrage de la partie supérieure du fuselage est particulièrement important dans le cas des aéronefs munis d'un réacteur central à l'arrière. L'ingestion de glace ou de neige risque de provoquer un décrochage du compresseur ou d'endommager le réacteur.

73.  Le radome ou le nez de l'aéronef doit également être dégivré pour éviter que les accumulations de neige ou de glace ne soient projetées dans le champ de vision de l'équipage au moment du décollage. De plus, comme le nez abrite les instruments de navigation et de guidage de l'aéronef, il doit être dégagé pour assurer le bon fonctionnement des capteurs.

74.  Il faut également procéder au dégivrage et à l'antigivrage des portes cargo et passagers pour assurer leur bon fonctionnement. Toutes les charnières et tous les rails doivent faire l'objet d'une inspection pour s'assurer qu'ils sont exempts de toute accumulation. Même si une accumulation ne semble pas nuire aux opérations au sol, celle ci risque de geler en vol et d'empêcher le fonctionnement normal des portes à destination. Les accumulations gelées peuvent aussi endommager les mécanismes de verrouillage et les joints des portes cargo et passagers et provoquer ainsi des fuites.

75.  Les orifices des capteurs et des sondes placés le long du fuselage (comme les prises statiques, les tubes de Pitot, les entrées d'air ou les sondes thermométriques) requièrent une attention particulière au moment de l'application de liquide cryoscopique. Une pulvérisation directe dans ces ouvertures peut endommager ces équipements, et la présence de résidus risque de leur faire afficher de mauvaises indications.

76.  Les ailes constituent les principales surfaces de portance de l'aéronef et, pour remplir efficacement leur rôle, elles ne doivent porter aucune trace de contamination. Une accumulation de givre, de glace ou de neige sur les ailes modifie les caractéristiques d'écoulement d'air, réduit la portance, augmente la traînée, accroÎt la vitesse de décrochage et modifie les moments de tangage. L'augmentation de masse est faible et ses effets sont négligeables comparativement à ceux causés par la rugosité de la surface.

77.  Sur la plupart des aéronefs, le dégivrage de la voilure commence au bord d'attaque de l'extrémité de l'aile et le mouvement de balayage se poursuit vers l'arrière et l'intérieur. Cette procédure permet d'éviter d'augmenter la charge exercée par la neige sur les sections extérieures des ailes, ce qui, en cas de neige très abondante, risquerait d'engendrer des contraintes excessives sur cette partie de la voilure. Cette méthode réduit également les risques de repousser des dépôts de glace ou de neige dans les interstices et les logements des gouvernes.

78.  Il faut déterminer les divers types d'aéronefs qui seront dégivrés à un poste de dégivrage donné. Les exploitants doivent bien connaître les éléments dont il faut tenir compte pour les opérations de dégivrage qui sont spécifiques à chaque type d'aéronefs.

 

FIGURE 2.  DéGIVRAGE SYSTéMATIQUE ET SYMéTRIQUE D'UN AéRONEF

79.  S'il y a accumulation de glace dans des endroits comme les rails de volet et les logements des gouvernes, il peut s'avérer nécessaire de pulvériser le liquide à partir du bord de fuite vers le bord d'attaque. De même, dans certaines conditions météorologiques particulières ou à cause de contraintes propres à l'aire de trafic, il peut s'avérer nécessaire de pulvériser à partir du bord de fuite. Veuillez consulter le constructeur de l'aéronef pour en savoir plus.

80.  Il est important que les exploitants fassent attention à la configuration de leurs aéronefs pendant le dégivrage. Il se peut que des constructeurs indiquent la configuration à adopter pendant le dégivrage et l'antigivrage de leurs aéronefs. Toutefois, si le dégivrage se fait en configuration lisse, c'est-à-dire avec tous les dispositifs hypersustentateurs rentrés, l'exploitant doit se demander quelles parties non traitées de la voilure vont être exposées par la suite aux précipitations givrantes, une fois que ces dispositifs auront été sortis. Les parties situées sous un volet ou un bec de bord d'attaque, si elles n'ont pas été protégées par un liquide d'antigivrage, peuvent devenir des surfaces critiques contaminées avant le décollage. Les transporteurs aériens doivent envisager ce scénario et éventuellement élaborer des procédures supplémentaires pour s'assurer que leurs aéronefs décollent sans être contaminés.

81.  Voici deux solutions possibles : ne sortir les becs ou les volets que tout juste avant le décollage; ou sortir ces dispositifs avant le dégivrage ou l'antigivrage de façon à ce que les surfaces situées au-dessous soient traitées.

82.  Le dégivrage de l'empennage nécessite les mêmes précautions que celles accordées au dégivrage des ailes. Il est important que les deux côtés du stabilisateur et de la gouverne de direction soient dégivrés puisqu'il est possible que des difficultés de maîtrise en direction se produisent sur certains avions si la contamination est enlevée sur un côté seulement. Les interstices entre les plans mobiles et les plans fixes de l'empennage doivent être soigneusement inspectés. Pour certains avions, mettre le stabilisateur en position bord d'attaque descendu permet un meilleur écoulement du liquide cryoscopique et des contaminants et en prévient l'accumulation dans les interstices. Pour d'autres avions cependant, il est préférable que le bord d'attaque du stabilisateur soit remonté. Veuillez consulter les manuels pertinents pour de plus amples renseignements.

83.  Il faut soigneusement inspecter les interstices, les logements des gouvernes et les joints d'espacement pour s'assurer qu'ils sont propres et bien drainés. Il faut enlever toute accumulation de contaminants à la jonction des gouvernes afin d'éviter que les joints ne gèlent, ce qui nuirait au mouvement des gouvernes.