Partie 4 - Décollage

Objectifs

Aider l'élève à apprendre à :

  • décoller normalement
  • décoller d'un plan d'eau calme
  • décoller dans un vent de travers
  • faire face à une panne moteur après le décollage

Motivation

L'hydravion possède un net avantage au décollage par rapport à un avion terrestre. Il décolle pour ainsi dire toujours dans le vent. Puisqu'aucun plan d'eau n'est pareil et compte tenu des effets des variations du vent et des conditions de l'eau, le pilote d'un hydravion doit développer une excellente prise de conscience de la situation pour prendre de bonnes décisions à propos du décollage. En outre, il doit posséder les compétences nécessaires pour exécuter les manoeuvres qu'il a prévues.

Décollage normal

Connaissances de base essentielles

Discuter de la conception d'un flotteur, du principe sous-jacent et de la terminologie pertinente. Aborder les points suivants :

  • sur le redan
  • assiette de traînée minimale ou meilleure assiette sur le redan
  • Étapes du décollage
  • situations de vol anormales causées par une mauvaise assiette des flotteurs
  • dynamique de la maîtrise en direction (relation de cause à effet)
  • relations entre l'assiette de tangage et l'assiette de lacet (anticipation)

Expliquer l'hydrodynamique d'un flotteur d'hydravion.

Examiner les procédures pour déterminer les points d'interruption d'un décollage.

Expliquer comment il peut être difficile d'évaluer la distance disponible en raison du terrain environnant.

Expliquer que le pilote doit s'attendre à une baisse de traînée des flotteurs au point d'envol ainsi qu'à une tendance à cabrer, selon le type d'hydravion et la technique de décollage utilisée.

Demander à l'élève de revoir l'utilisation des vitesses Vx et Vy; parler des vitesses utilisées pour améliorer le refroidissement du moteur, au besoin.

Expliquer les procédures de gestion du régime.

Expliquer la coutume de survoler l'eau jusqu'à une altitude de sécurité, afin de profiter d'une sustentation accrue, d'éviter les virages inutiles avant d'atteindre au moins 500 pieds-sol, de respecter les procédures d'atténuation du bruit s'il y a lieu, et de toujours avoir un endroit pour se poser en cas de panne moteur. Expliquer qu'il peut y avoir plus de débris sur l'eau lorsque le vent souffle dans une direction contraire au vent prédominant, surtout dans les secteurs d'activités forestières.

Expliquer que dans les régions où il y a des montagnes ou des collines, le pilote risque d'avoir une fausse perception de la bonne assiette de montée.

Aborder la manière de lire la surface de l'eau pour déterminer la direction et l'intensité du vent et la présence de rafales.

Expliquer comment l'air circule et où il offre une meilleure sustentation, et où les courants descendants risquent de se trouver. Expliquer que les taches sombres et les « pattes de chat » peuvent être produites par un fort courant descendant.

Conseils à l'instructeur

  • Il peut être utile d'aborder la relation entre l'assiette et la traînée et de demander à l'élève de faire des exercices pertinents, sous surveillance. Une méthode consiste à réduire la puissance dès que l'hydravion passe sur le redan et à procéder à une démonstration. L'instructeur laisse ensuite à l'élève le temps de pratiquer dans une variété d'assiettes. L'élève apprendra ainsi à mieux « sentir » l'appareil et à faire le lien entre cette impression et les repères visuels annonciateurs d'assiettes normales et anormales des flotteurs.
  • L'expérience que l'élève acquiert en apprenant à reconnaître les assiettes normales des flotteurs l'aidera dans de nombreux autres exercices et pourrait même lui éviter de submerger accidentellement un flotteur.
  • Dans le cas d'un hydravion dont la direction est difficile à maîtriser, et même sur les autres, il est utile de revoir la relation entre le tangage et le lacet ainsi que les techniques visant à améliorer la maîtrise en direction (de cabré à l'assiette normale sur le redan, utilisation restreinte des volets, etc.). Cela deviendra important, particulièrement pendant les décollages dans des composantes vent de travers ou dans des endroits confinés.
  • On peut reconnaître de diverses façons le point de transition entre l'étape ou le pilote tire sur le manche et l'étape où l'hydravion passe sur le redan. La méthode sans doute la plus connue est d'observer le moment où le nez arrive au point de cabrage maximal. La méthode d'observation du point d'éclaboussement maximal des flotteurs peut être utilisée en début de formation avec succès, mais elle n'est pas efficace sur tous les types d'hydravions et elle réduit la possibilité de repérer les obstacles sur la trajectoire de décollage.
  • Pour la transition vers l'étape de passage sur le redan, diverses méthodes sont utilisées, selon le type d'hydravion, le milieu et de nombreuses autres variables. Basculer (rocking) l'hydravion devrait être fait avec attention.
  • L'aptitude à « lire l'eau », à prévoir les effets du vent et à réagir en conséquence fait partie intégrante d'un programme de formation complet sur hydravion. Pendant les premières heures, il peut être préférable de demeurer dans un vent léger et constant, mais il faut s'assurer d'exposer l'élève à autant de conditions différentes que possible. À cette fin, la formation devra être dispensée à différentes périodes de la journée.
  • Les décollages sur l'eau comportent de nombreuses variables, dont plusieurs n'existent pas pour les décollages sur roues. Il faut prévoir utiliser le maximum d'espace de décollage. S'il faut remonter le plan d'eau, le faire sur la trajectoire de décollage prévue pour confirmer l'absence d'obstacles.
  • L'envol peut se produire simplement si le pilote maintient l'angle de traînée minimale jusqu'à ce que la sustentation soit suffisante ou s'il commence à tirer davantage sur le manche au moment opportun.
  • La rive opposée devrait servir de référence d'assiette jusqu'à ce que la vitesse de montée soit atteinte.
  • En général, il est courant de doubler la distance de décollage prévue, surtout pour les décollages vers la rive opposée.

Leçon en vol et pratique de l'élève

Montrer comment décoller normalement, et demander à l'élève de pratiquer. Aborder les points suivants :

  • Évaluation de la situation de décollage
  • vérifications avant décollage
  • affichage de la puissance de décollage
  • transition vers l'étape sur le redan
  • contrôle de l'assiette
  • envol
  • montée
  • vérifications après décollage

Décollage sur plan d'eau calme

Connaissances de base essentielles

Demander à l'élève de revoir les éléments d'un décollage normal.

Discuter des problèmes de perception tridimensionnelle pendant le décollage et après l'envol.

Décrire la différence de traînée des flotteurs par rapport à un plan d'eau normal (succion et viscosité connexes).

Insister sur le fait que la distance de décollage nécessaire peut être beaucoup plus longue et qu'elle ne figure pas sur la plupart des diagrammes de performances au décollage. Il faut donc choisir une route de décollage plus longue qu'à l'ordinaire.

Discuter des éléments à considérer à propos de la trajectoire de montée initiale. Par exemple, il faut toujours avoir un repère convenable à proximité et éviter, sans repère, de monter au?dessus d'une grande étendue d'eau dégagée en cas de panne moteur.

Insister sur la manière d'établir, de maintenir et de confirmer un taux de montée positif après l'envol.

Expliquer qu'il est important d'attendre d'être assez haut avant de réduire la puissance après le décollage.

Conseils à l'instructeur

  • Tout doit être fait pour que la formation sur plan d'eau calme soit dispensée dans des conditions réelles d'eau calme. Autrement, il faudrait les simuler. De telles conditions se présentent le plus souvent tôt le matin ou en fin de soirée.

Leçon en vol et pratique de l'élève

Montrer comment décoller d'un plan d'eau calme, et demander à l'élève de pratiquer.

Décollage par vent de travers

Connaissances de base essentielles

Demander à l'élève de revoir les éléments d'un décollage normal.

Demander à l'élève de revoir la manière de déterminer les limites du vent de travers.

Revoir la manière d'observer la surface de l'eau pour déterminer la direction et l'intensité du vent et la présence de rafales.

Expliquer comment minimiser l'effet d'un vent de travers et comment choisir la meilleure zone pour le décollage et la montée.

Souligner les similitudes et les différences par rapport à un avion terrestre. Les limites de décollage sur hydravion sont faciles à atteindre, surtout en présence d'un vent traversier de la gauche.

Reconnaître que la composante vent traversier de la gauche combinée à la tendance naturelle de l'appareil à effectuer un lacet vers la gauche au décollage crée un problème beaucoup plus grand que dans le cas d'un avion sur roues. Elle peut entraîner des difficultés de maîtrise directionnelle supérieures aux limites du pilote et de l'hydravion.

Revoir l'aérodynamique, la relation entre le tangage et le lacet ainsi que les techniques visant à améliorer la maîtrise directionnelle.

Expliquer comment « arracher de l'eau » un flotteur au décollage, le moment opportun et la technique utilisée, et comment compenser la tendance au lacet occasionnée par la différence de traînée des deux flotteurs.

Expliquer qu'il faut d'abord arracher de l'eau le flotteur situé du côté opposé du vent.

Conseils à l'instructeur

  • Prévoir rentrer les gouvernails marins sur un cap qui permettra à l'hydravion de continuer sur la trajectoire souhaitée dès l'affichage de la puissance de décollage.
  • L'instructeur peut faire exécuter graduellement cet exercice en modifiant les trajectoires de décollage de manière à ce qu'elles soient davantage dans un vent de travers. Commencer par un vent de travers léger.
  • Effectuer les exercices de décollage dans des composantes de vent traversier de la gauche et de la droit.
  • Comme pour la plupart des exercices, commencer dans un vent de face léger et constant, si possible.

Leçon en vol et pratique de l'élève

Montrer comment décoller par vent de travers et demander à l'élève de pratiquer et d'évaluer la situation préalable à de tels décollages.

Panne moteur après le décollage

Connaissances de base essentielles

Revoir la procédure relative à une panne moteur après le décollage.

Expliquer l'importance de choisir une route de décollage qui ne contient aucun obstacle au-delà d'une certaine distance passée le point d'envol prévu.

Expliquer que, à moins que l'aire de décollage soit très restreinte, l'hydravion bénéficie en général d'un plus grand nombre de possibilités d'amerrissage droit devant que l'avion terrestre.

Expliquer qu'il est plus important de garder la maîtrise de l'hydravion que d'effectuer les vérifications.

Expliquer que sur certains hydravions, à moteur en étoile par exemple, il faut être vigilant pour aussitôt abaisser le nez de l'appareil afin de conserver suffisamment de vitesse en vue de l'arrondi.

Conseils à l'instructeur

  • Présumer que le moteur tombera en panne au pire moment, et se préparer mentalement à une telle éventualité.

Leçon en vol et pratique de l'élève

Faire la démonstration de pannes moteur après le décollage, et demander à l'élève de pratiquer.

Normes de compétence

Le candidat à la qualification doit pouvoir décoller en toute sécurité en utilisant les procédures pertinentes, compte tenu des conditions existantes de la surface de l'eau, du vent et de la distance de décollage disponible. L'élève devra être capable de :

  • effectuer les vérifications avant décollage
  • choisir le réglage recommandé pour les volets
  • s'assurer que la zone est dégagée avant d'amorcer le décollage
  • aligner l'hydravion sur la trajectoire de décollage souhaitée
  • relever les gouvernails marins
  • afficher en douceur la puissance maximale autorisée
  • Éviter l'éclaboussement excessif sur l'hélice
  • Établir et de maintenir la meilleure assiette sur le redan, et de prendre les mesures nécessaires pour éviter et corriger le marsouinage et les rebonds
  • garder la maîtrise en direction
  • bien amorcer l'envol et d'accélérer jusqu'à la bonne vitesse de montée
  • rentrer les volets selon les recommandations, ou à l'altitude de sécurité
  • maintenir la puissance de décollage jusqu'à une altitude de sécurité
  • suivre une trajectoire rectiligne au-dessus du prolongement de la trajectoire de décollage ou à demeurer au-dessus de l'eau jusqu'à l'altitude de sécurité
  • exécuter les vérifications après décollage