Chapitre 4 : Principaux problèmes de fabrication d'une combinaison d'immersion

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Où en est notre technologie des combinaisons d'immersion en 2002?

En 1986, Brooks (référence 28) était découragé de voir la piètre qualité des combinaisons qu'on lui avait fournies pour faire des essais. Des combinaisons toutes neuves provenant directement du fabricant laissaient pénétrer l'eau, les fermetures bloquaient, les attaches sur les combinaisons et les gants se déchiraient la première fois qu'on les enfilait, et très peu d'attention avait été accordée aux dimensions et au confort des combinaisons. De plus, l'interface entre le gilet de sauvetage et le vêtement de survie était très mauvaise. Il a donc réexaminé le sujet de fond en comble et a conclu qu'aucune combinaison existante ne satisfaisait à tous les critères d'une bonne combinaison d'immersion et que, dans sa forme présente, la combinaison avait atteint son développement optimal. Tout le mérite revenait aux pionniers qui, depuis 1939, avaient entrepris une lutte acharnée contre de nombreux adversaires et une forte résistance dans le but de produire une combinaison d'immersion raisonnablement bonne si elle était fabriquée dans les règles de l'art. Pourtant, disons les choses crûment, la combinaison d'immersion en une seule pièce, créée pour l'aviation canadienne en 1945, serait presque aussi bonne sinon meilleure que les combinaisons fabriquées dans les années 1980 (figures 15 et 16). Comme nous l'avons déjà mentionné, l'introduction de tissu de coton ventilé qui serait par la suite remplacé par le Gortex, et l'introduction, dans les années 1980, de fermetures imperméables fiables n'ont permis d'apporter que d'infimes améliorations à la performance d'ensemble des combinaisons. Brooks avait espéré que son article stimulerait les gouvernements, l'industrie et la communauté des chercheurs à examiner de nouveaux concepts. Le prochain chapitre porte sur les principaux problèmes de conception et de fabrication d'une bonne ou d'une mauvaise combinaison d'immersion.

Figures 15 et 16 : Combinaison d'un pilote convoyeur de la RCAF , mise au point en 1945 (gauche) et une combinaison d'immersion pour des pilotes de CF18 mise au point en 1990 et fabriquée avec du Gortex Nomex (droite).

 

  

Étanchéité à l'eau

Si la combinaison doit être conçue pour protéger des quatre stades d'une immersion accidentelle, elle doit donc, à moins que d'autres concepts ne soient mis à l'essai, être imperméable. Cela pose le problème de la façon dont on doit fermer la combinaison et comment réussir à la rendre étanche aux mains et aux pieds.

a) Joint de cou pour des combinaisons à habillage rapide

La méthode de la cordelière de serrage est très simple à fabriquer et à utiliser même lorsque les mains sont gelées, mais elle laisse passer l'eau jusqu'à un certain degré (figure 17). C'est encore pire lorsque la personne qui la porte n'a pas beaucoup de hauteur de franc bord. Elle laissera aussi pénétrer l'eau dès l'entrée initiale. Ce problème peut être en grande partie corrigé si la cordelière est incorporée dans une gaine en caoutchouc très souple fixée au collet de la combinaison. Cependant, cette combinaison est très bonne lorsqu'elle est utilisée en cas d'abandon en masse d'un navire. Dans des cas de ce genre, il s'agit surtout d'obtenir une protection contre le choc dû au froid et l'épuisement à la nage et il y aura une embarcation ou un radeau de sauvetage immédiatement disponible. La cordelière est très utile lorsqu'il s'agit de combinaisons qui doivent être enfilées très rapidement par-dessus d'autres vêtements pendant un abandon. Toute combinaison qui comporterait une cordelière de serrage doit être utilisée avec un gilet de sauvetage. Ce système a fait ses preuves lors de la guerre des Malouines.

Figure 17 : Combinaison à habillage rapide à usage unique. Remarquer la cordelière de serrage pour fermer au cou. L'avantage est qu'elle est simple et économique et qu'elle peut être fabriquée en taille unique.

 

b) Joint de cou pour combinaison à port constant

Le joint est réalisé en fixant à l'encolure une large bande de caoutchouc. Pour rendre le joint plus confortable, il a été divisé en son centre par une fermeture à glissière. Ainsi, en théorie le cou peut être laissé dégagé pour effectuer des tâches courantes et fermé juste avant l'immersion dans l'eau. Cependant, la fermeture a tendance à produire une bosse inconfortable en dessous du menton comme dans la figure 18. Une bonne solution est d'insérer un rabat pour améliorer le confort (figure 19) mais celui-ci doit être bien conçu pour éviter qu'il ne se coince dans la fermeture à glissière lorsque celle-ci est fermée rapidement. Une autre solution est une fermeture à glissière décentrée. Cette fermeture, qui se ferme sur le côté du cou, fonctionne raisonnablement bien si elle peut être bloquée fermement et à temps (figure 20).

Figure 18 : Exemple de joint de cou avec fermeture centrale. Le bout de la fermeture tend à s'appuyer inconfortablement sur le larynx.

 

Figure 19 : Exemple de joint de cou à fermeture centrale auquel on a ajouté une bande de protection pour plus de confort.

 

Figure 20 : Exemple de joint de cou à fermeture décentrée.

 

Une variante de cette idée est d'allonger la fermeture sur le devant (figure 21) ou sur le côté (figure 22) du capuchon. L'étanchéité à l'eau est alors assurée par le joint du capuchon autour du visage plutôt que par le joint autour du cou. Ce genre de joint doit être fermé très longtemps avant l'immersion à cause de la précision nécessaire pour ajuster le capuchon sur le pourtour du visage, pour entrer tous les cheveux confortablement à l'intérieur et pour s'assurer que la fermeture est tirée jusqu'au bout et bien bloquée. De plus, la combinaison n'est pas très confortable à porter dans un hélicoptère s'il arrive que les exploitants insistent pour que la combinaison soit maintenue fermée pendant toute la durée du vol.

Figure 21 : Exemple de combinaison dont le capuchon sert à protéger le joint de cou. La fermeture est placée au centre et se termine inconfortablement sous le nez et la bouche.

 

Figure 22 : Exemple de combinaison dont le capuchon sert à protéger le joint de cou. La fermeture est placée sur le côté pour mieux dégager le nez et la bouche, ce qui la rend moins inconfortable lorsqu'elle est fermée.

 

Le problème avec une combinaison dont le capuchon sert à protéger le joint de cou est qu'elle réduit le champ de vision d'une personne qui se trouve dans l'eau et sa capacité à entendre des ordres essentiels. Si la fermeture est ouverte dans l'eau ou mal fermée lors de l'immersion, l'étanchéité à l'eau de l'ensemble de la combinaison est compromise. Il faut aussi prendre note que, dans le cas d'une évacuation d'urgence d'un hélicoptère qui s'est abîmé en mer, retourné et rempli d'eau, la compression hydrostatique sur la combinaison qui se produit dès l'entrée dans l'eau peut entraîner une arrivée soudaine d'air à l'intérieur du capuchon qui l'arrachera tout simplement. Des soupapes de sécurité à faible pression de fonctionnement et à grand volume placées sur les épaules ou sur le capuchon sont très efficaces et essentielles pour éviter cette situation. Elles entraînent, cependant, des coûts supplémentaires et compliquent la fabrication de la combinaison (figures 23 et 24).

Figure 23 : Des élèves en train de s'attacher dans une ESMEF montrent un exemple de soupape de sécurité placée sur le capuchon de la combinaison pour éviter que l'air emprisonné ne s'échappe rapidement en arrachant le capuchon.

 

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Figure 24: Un exemple de soupape de sécurité placée sur le dessus de l'épaule. Dans ce cas-ci, une autre soupape est fixée sur l'autre épaule et, dans certains cas, des soupapes sont également ménagées aux pieds.

 

Diverses tentatives ont été faites pour fabriquer un joint de cou lâche qui permettrait de ventiler la combinaison et de la fermer rapidement juste avant l'immersion. Cependant, jusqu'à maintenant, les systèmes de fermeture rapide (figure 25) au cou ont tendance à manquer d'étanchéité. La raison est simple : les concepteurs considèrent le cou comme un simple cylindre et estiment que tout anneau pouvant être serré au cou fournirait l'étanchéité nécessaire. Ce qui est faux, le cou a une forme ovale complexe avec une saillie en avant qui est le larynx. Ainsi, jusqu'à maintenant, la seule façon simple et fiable d'assurer l'étanchéité autour de cette forme est d'utiliser une bande de cou en caoutchouc continue (figure 26). Plus le caoutchouc est souple et pliable, meilleure sera l'étanchéité du joint et l'acceptation par l'utilisateur. Le désavantage est que peu de personnes tolèrent ce type de joint de cou sauf certains groupes comme les plongeurs qui l'utilisent quotidiennement. Certaines entreprises fabriquent des combinaisons avec un joint de cou constitué de trois rondelles coniques de plus en plus large, l'utilisateur coupe le joint jusqu'à ce que l'encolure s'ajuste parfaitement. La plupart des gens trouvent que ce genre d'encolure est chaude et provoque la transpiration et qu'elle irrite la peau du visage qu'il soit couvert de barbe ou rasé de près. Néanmoins, avec la technologie actuelle, il n'en demeure pas moins que c'est la meilleure façon d'obtenir un joint de cou parfaitement étanche.

Figure 25 : Exemple de joint de cou de type à cliquets pour fermer l'encolure.

 

Figure 26 : La meilleure méthode d'étanchéiser le cou demeure la bande de cou en caoutchouc continue.

 

c) Méthode d'habillage et de fermeture de la combinaison

i) Habillage par le cou

La conception de la fermeture de la combinaison doit être compatible avec celle du joint de cou. Lorsqu'il s'agit de combinaisons simples à habillage rapide conçues pour un abandon d'urgence avec le plus de vêtements possibles, la combinaison de type sac avec une large entrée par le cou est la meilleure. La combinaison est ensuite fermée par des cordelières (figure 17). Le grand désavantage des cordelières est, comme nous l'avons mentionné ci-dessus, l'infiltration d'eau qui se produit lorsque le franc bord est faible à cause d'un gilet de sauvetage peu efficace.

ii) Habillage par l'avant

La deuxième méthode est l'habillage par l'avant de la combinaison qui comportera soit un joint de cou continu, soit un joint de cou en deux parties, soit un joint sur le capuchon. Dans chacun de ces modèles, une fermeture à glissière imperméable est utilisée. Les fermetures modernes, quoique très chères, sont d'excellente qualité si elles sont entretenues adéquatement. Premièrement, la fermeture peut être posée verticalement à partir de l'entrejambe jusqu'au centre du joint de cou en deux parties à l'avant du larynx (figure 18). À moins qu'elle ne soit parfaitement fermée avant l'immersion, elle a le désavantage de laisser pénétrer l'eau et d'être inconfortable une fois qu'elle est bien fermée. Deuxièmement, la fermeture peut être posée entre l'entrejambe et le côté du joint de cou (figure 20). Les problèmes sont semblables à ceux de la fermeture placée au milieu. Troisièmement, la fermeture peut être posée entre l'entrejambe et l'avant de la combinaison ou le côté du capuchon (figures 21 et 22). Les problèmes avec le joint du capuchon ont été examinés plus haut. Quatrièmement, la combinaison incorpore un joint de cou en caoutchouc continu. L'utilisateur doit pouvoir enfiler la combinaison à partir d'une ouverture frontale et ensuite, tirer vers le haut la partie du torse, y compris le joint de cou, jusque par-dessus de la tête avant de pouvoir remonter la fermeture à glissière. La fermeture diagonale part de l'entrejambe pour se rendre jusqu'à l'épaule gauche ou droite, où elle se bloque (figure 27). Il est préférable que la fermeture se termine à l'épaule et non à l'entrejambe. Si le bout de la fermeture est dans l'entrejambe et que l'utilisateur ne l'a pas fermé correctement, la combinaison se remplira très vite d'eau. Cinquièmement, la combinaison doit incorporer un joint de cou continu, mais la fermeture commence sur la hanche gauche, passe par le dos et ensuite, traverse la poitrine en diagonale jusqu'à l'épaule droite. Pourvu que ces grandes fermetures à glissière soient bien entretenues, la conception en diagonale rend les combinaisons faciles à enfiler en introduisant d'abord les pieds et les jambes et en tirant ensuite le joint de cou et le haut de la combinaison par-dessus la tête.

Figure 27 : Combinaison avec fermeture à glissière en diagonale. C'est une bonne conception pour un habillage facile.

 

Sixièmement, le haut de la combinaison s'ouvre en deux par une fermeture en forme de W. La fermeture commence d'un côté du nombril, traverse le torse en diagonale, passe à l'arrière de la poitrine et retourne vers le bas de l'autre côté en diagonale pour aboutir de l'autre côté du nombril (figure 28). Ce genre de combinaison peut être fermée d'une seule main. Ce type de fermeture éclair assure l'habillage le plus facile. L'avantage est que la combinaison peut être portée à moitié fermée avec les manches repliées sur l'avant, dans la salle de repos pour l'équipage ou sur le pont, par exemple.

Figure 28 : Fermeture en W qui permet d'enfiler facilement la combinaison.

 

Septièmement, l'habillage peut s'effectuer grâce à une longue ouverture horizontale en travers de la poitrine allant de l'aisselle droite à l'aisselle gauche (figure 29). Le désavantage de cette conception est que, en raison des plis de la combinaison, il n'est pas très facile de la refermer. Il faudrait incorporer des languettes de tirée dans les deux poignets aux deux extrémités de la fermeture, de sorte que le chariot puisse être tiré facilement et en souplesse d'un côté à l'autre de la poitrine pour se fermer complètement. Ce dispositif ne fait que compliquer la fabrication de la combinaison et en augmente les coûts (figure 30).

Figure 29 : Enfilage de la combinaison par une fermeture horizontale.

 

Figure 30 : La fermeture horizontale nécessite des attaches additionnelles pour étirer les deux côtés de la fermeture avant de fermer la combinaison.

 

iii) Habillage par le dos

Toutes les combinaisons qui s'enfilent par le dos comportent un joint de cou en caoutchouc continu. Le premier type est celui qui se ferme par une fermeture en fer à cheval (figure 31). La fermeture commence à l'avant, du côté gauche de la poitrine, passe autour de l'épaule gauche par la pointe de l'épaule jusqu'à l'épaule droite et puis, redescend sur l'avant du côté droit de la poitrine. Si la combinaison est de la taille qui convient parfaitement à la personne, la fermeture peut être manipulée d'une seule main, fait un pli très confortable sur l'avant de la combinaison qui est très facile à endosser. Comme la combinaison avec la fermeture en W, cette combinaison permet un enfilage facile et la moitié supérieure peut être repliée. La combinaison peut être portée à moitié fermée avec les manches attachées sur l'avant.

Figure 31 : La fermeture en fer à cheval peut être fermée et bloquée d'une seule main et la combinaison est facile à enfiler.

 

Le deuxième type de combinaison préférée des plongeurs commerciaux se ferme grâce à une fermeture horizontale posée à l'arrière allant d'une aisselle à l'autre (figure 32). C'est aussi un bon système, elle tombe en un pli confortable et la combinaison est facile à enfiler. Le désavantage est qu'il faut une personne pour aider à enfiler la combinaison, tirer sur la fermeture à glissière jusqu'au bout et la bloquer.

Figure 32 : La fermeture arrière, qui fait un pli très confortable à l'arrière, exige l'aide d'une autre personne pour la fermer parfaitement.

 

iv) Autres méthodes de fermeture

L' U.S. Navy est à mettre au point un autre type de fermeture très longue qui commencerait sur le devant au milieu de la poitrine, passerait par l'entrejambe et remonterait à l'arrière de la combinaison. Les avantages de ce système par rapport aux autres systèmes ne sont pas très clairs pour le moment, il faut attendre qu'un prototype soit mis à l'essai.

d) Fermeture des poignets (gants intégrés ou séparés)

La meilleure garantie pour que le joint aux poignets soit parfaitement étanche est d'intégrer le gant, qu'il soit à cinq doigts ou en forme de pince de homard, à la combinaison (figure 33).

Figure 33 : Le gant standard de type pince de homard à trois doigts intégré à une combinaison de sauvetage en cas de naufrage.

 

En pratique, cette formule fonctionne très bien, mais toute tâche qui exige la motricité fine ne sera pas facile. Une deuxième option est d'incorporer le gant à la combinaison et d'avoir une sorte de fermeture qui permettrait de libérer les mains. Cela fonctionne mieux en théorie qu'en pratique. Si les mains sont libres, comme dans le cas des passagers d'hélicoptère, alors, en cas d'amerrissage forcé, les mains doivent être placées rapidement à l'intérieur des gants qui seront assujettis à la combinaison avec la fermeture à glissière. Il est facile de remonter la fermeture pour la première main, mais pour la deuxième main, c'est plus difficile en raison de la perte de motricité fine de la main dominante. S'il s'est produit une blessure à la main, le deuxième gant ne sera probablement jamais enfilé ni assujetti avec la fermeture à glissière.

Une variante serait d'ajuster le gant sur la combinaison et d'empêcher l'eau de pénétrer à l'intérieur de la manche par un joint de poignet en caoutchouc continu. Mais cette solution ne règle pas le problème de motricité fine. Non seulement il est encore difficile d'enfiler le deuxième gant, mais aussi, à moins que le gant ne soit bien conçu et renforcé à l'extrémité de la fermeture, la tirée inégale sur la fermeture a souvent pour effet de déchirer le gant en caoutchouc néoprène.

On s'entend généralement pour fixer les joints de poignets avec une bande de caoutchouc latex continue et pour ranger les gants dans des poches ménagées sur chaque manche (figure 34). Il est très important d'entretenir ces joints de caoutchouc en les poudrant de talc. Cela empêche le pouce ou les doigts de déchirer les joints pendant l'enfilage. Pour des combinaisons plus perfectionnées comme les combinaisons de sauvetage d'équipages de sousmarins, le port de gants en peau de mouton souple passés par-dessus la combinaison et protégés par un joint de poignet classique en caoutchouc isole suffisamment les mains pour permettre d'exécuter des tâches cruciales. Et puis, pour une survie à long terme, on fournit des moufles de dessus doublées de mousse isolante. L'entretien de combinaisons dotées de joints de poignet continus exige beaucoup de travail. Les combinaisons peuvent devenir inutilisables parce que la personne aura transpersé le joint de caoutchouc avec les doigts ou les ongles. Il faut enlever les vieux joints et la colle de la combinaison, nettoyer le tissu et recoller un nouveau joint. C'est un procédé très long et coûteux et, à l'occasion, il faudra annuler des missions audessus de la mer jusqu'à ce qu'une combinaison en bon état soit livrée. Un nouveau concept de fermeture déjà utilisé par les plongeurs est un joint en caoutchouc à ouverture rapide constitué d'une rainure circulaire fixée à chaque poignet et d'un anneau en caoutchouc. L'anneau s'insère dans la rainure pour fermer hermétiquement le joint. On peut ainsi remplacer le joint en moins d'une minute. Ce concept mériterait d'être étudié plus à fond par l'industrie navale (figure 35).

Figure 34 : Probablement la meilleure méthode est d'insérer chaque gant dans une poche cousue sur le dessus de la manche et d'étanchéiser le poignet à l'aide d'un joint continu en caoutchouc.

 

Figure 35 : Exemple de joint de poignet en caoutchouc à remplacement rapide.

 

e) Tissu utilisé pour les combinaisons (avec ou sans isolation incorporée)

La combinaison est fondamentalement constituée d'une enveloppe extérieure en tissu qui assure l'étanchéité à l'eau et une doublure intérieure, ou sous-combinaison, qui assure l'isolation ou la valeur clo . Les deux épaisseurs peuvent être superposées (combinaison doublée) ou séparées (combinaison non doublée).

Les enveloppes extérieures des premières combinaisons étaient faites en caoutchouc revêtu de néoprène ou de chloroprène. Ces tissus ne laissent pas passer la transpiration. Lorsqu'on a inventé le coton ventilé, tout le monde a cru que le problème était réglé, mais ce n'était pas le cas. Comme nous l'avons mentionné précédemment, le tissu coûtait cher à produire et rendait onéreuse la fabrication en série des combinaisons. En outre, les huiles et la graisse diminuaient son imperméabilité et pour obtenir une étanchéité parfaite à l'eau, il fallait utiliser deux épaisseurs de tissu. L'invention du Gortex et, par la suite, du Gortex Nomex ignifuge a certainement amélioré l'étanchéité à l'eau des combinaisons, une fois qu'on a réussi à perfectionner le scellage à chaud des joints.

Les fabricants qui choisissent de fabriquer des combinaisons doublées en deux parties disposent de nombreuses options pour les sous-combinaisons. Un certain nombre d'entre elles sont en peluche synthétique et peuvent fournir différentes valeurs clo pour différentes températures d'eau froide (figures 36, 37 et 38). Elles sont toutes robustes et peuvent se laver à la machine. En outre, les nouvelles sous-combinaisons peuvent être doublées d'un filet qui transfère la vapeur d'eau de la peau à la surface de la combinaison, toutefois, le tissu de l'enveloppe extérieure doit respirer pour que cela fonctionne. Il existe aussi, sur le marché, d'autres types de sous-combinaisons en mousse minces et souples (figure 38) qui peuvent aussi bien être utilisées. Le principal avantage de la combinaison avec une sous-combinaison séparée est qu'elle est beaucoup plus facile à laver et que l'utilisateur peut ajouter ou enlever l'épaisseur de la sous-combinaison en fonction des conditions ambiantes. De plus, la combinaison est plus confortable et moins coûteuse à entretenir.

Figures 36, 37 et 38 : Trois exemples de sous-combinaisons. Celle à la gauche et celle au centre sont en fibre synthétique d'épaisseur moyenne (gauche) et plus épaisse (au centre). La combinaison à droite est fabriquée dans une des mousses synthétiques modernes.

 

  

  

L'isolation de la combinaison peut être assurée par une sous-combinaison gonflable. L'avantage est que la combinaison peut être portée comme combinaison non doublée pour des tâches courantes (avec la valeur en clo équivalente à celle d'une combinaison de travail) et la doublure n'est ajoutée que si la personne est dans une situation de survie. Il s'agit là d'une excellente idée et la recherche devrait se concentrer dans cette direction. La Royal Navy a commercialisé la première combinaison d'immersion gonflable opérationnelle qui utilise du CO2 comme combinaison de sauvetage pour les équipages de sous-marins dans les années 1950 et 1960. Le même principe a été exploité avec la combinaison Mk10 destinée aux équipages de sous-marins. Vers le milieu des années 1970, la société I.L.C. Dover (Delaware) a fabriqué, pour le compte de l'IMED , une combinaison expérimentale gonflable au CO2 qui a bien fonctionné mais qui exigeait beaucoup de soins pour maintenir son étanchéité au gaz et dont les coûts de fabrication étaient très élevés. Néanmoins, elle a démontré que le concept était bon (figure 39). Dans les années 1980, la société Shell, le Shark Group et l'University of Surrey ont inventé une combinaison d'immersion pour passagers d'hélicoptère gonflable et très perfectionnée qui comportait un gilet de sauvetage intégré (figure 40). La combinaison était fabriquée en nylon revêtu d'uréthane. Elle était ainsi beaucoup moins chère à fabriquer que le modèle initial de l'I.L.C. Dover.

Le CO2 est emprisonné dans des compartiments scellés par haute fréquence. Ainsi, une fuite de l'un des compartiments ne compromet pas l'étanchéité des autres compartiments. Un autre avantage est que l'épaisseur isolante peut être maintenue sur le dos et les endroits de pression, ce qui empêche le gaz de s'échapper vers l'avant. Cette combinaison est actuellement en service et représente la technologie la plus récente en matière de combinaison d'immersion avec gilet de sauvetage intégré.

Figure 39 : Combinaison d'immersion expérimentale ILC Dover gonflée au CO2 pour les pilotes. Une botte a été enlevée pour montrer la sous-combinaison gonflable.

 

Figure 40 : La combinaison de survie gonflable scellée par haute fréquence créée par la société Shell, le Shark Group et l'University of Surrey et portée avec un gilet de sauvetage asymétrique pour assurer le redressement automatique.

 

D'autres fabricants ont choisi de fixer l'enveloppe extérieure à la sous-combinaison isolante. Le désavantage est qu'il n'est pas possible de remplacer la sous-combinaison en fonction des conditions opérationnelles. Le tissu utilisé pour l'enveloppe est habituellement un mélange de nylon durable fixé à un caoutchouc mousse de 3 mm ou de 5 mm (figure 41).

Il existe maintenant des tissus revêtus de PVC ou d'uréthane qui fournissent une bonne protection contre les huiles et les graisses. Il existe des tissus de nylon haute résistance très bons qui résistent au déchirement. Il y a également sur le marché des tissus élastiques qui peuvent être collés à n'importe quel type de mousse comme l'Ensolite pour fournir l'extensibilité élastique nécessaire à un bon ajustement du vêtement. Il y a en outre le Gortex qui peut être collé à un grand nombre de tissus différents. Par conséquent, pour la première fois, ceux qui travaillent sur l'eau ou qui la survolent peuvent choisir le tissu le mieux adapté à leurs activités particulières.

Figure 41: Combinaison de sauvetage fabriquée dans un mélange de nylon Cordura durable collé sur du caoutchouc mousse néoprène.

 

f) Fermeture aux pieds

Plusieurs idées ont été exploitées pour fermer la combinaison aux pieds. Une des meilleures idées est de fournir une paire de bottes de type Wellington fixées aux jambes. Elles sont très pratiques pour marcher sur le pont, monter et descendre les échelles et nettoyer les filets, mais elles ont le désavantage de devoir être ajustées à taille de la personne. Dans l'eau, elles sont très flottantes, ramenant les jambes de la victime jusqu'à la position horizontale. Les personnes de petite stature ont de la difficulté à se mettre à l'horizontale dans l'eau pour effectuer les tâches de survie essentielles ou pour se placer de façon à grimper à bord du radeau de sauvetage (figures 14 et 42).

Figure 42 : Une combinaison d'hélicoptère avec des bottes Wellington en caoutchouc fixées aux jambes.

 

Une autre façon est de fabriquer une chaussette dans le même tissu que la combinaison d'immersion et de la doter d'une semelle renforcée (figure 43). De minces chaussettes peuvent alors s'insérer à l'intérieur des chaussures de la personne. D'autres types de chaussettes ont une semelle renforcée et n'ont pas besoin d'être portées avec des bottes. Dans certains cas, comme dans celui de la combinaison flottante en cas de naufrage, la chaussette peut être fabriquée en tissu extensible et la chaussure peut être portée à l'intérieur de cette dernière. Ces chaussettes fonctionnent généralement assez bien. La chaussure placée à l'intérieur de la chaussette tend à rendre la démarche maladroite et il faut faire plus attention pour grimper aux échelles et emprunter les escaliers des cabines. En raison de l'usure causée par une utilisation répétée dans les écoles de formation, il faudrait les renforcer davantage lorsqu'on s'en sert à ces fins.

Figure 43 : Combinaison d'immersion militaire type avec chaussettes fixées aux jambes

 

Résumé du chapitre 4

Dans ce chapitre, nous avons traité des principaux problèmes de fabrication d'une combinaison d'immersion, notamment :

  • la difficulté de réaliser un bon joint de cou. La seule façon fiable éprouvée a été d'utiliser un collet en caoutchouc continu ajusté au cou. Les joints de cou en deux parties tendent à laisser pénétrer l'eau;
  • les joints de poignets sont également mieux conçus lorsqu'on utilise une bande en caoutchouc continue, mais les combinaisons deviennent rapidement inutilisables lorsque ces joints ne sont pas bien entretenus et que les occupants les perforent avec un doigt ou le pouce;
  • on peut endosser une combinaison par l'avant ou l'arrière. Il y a des avantages et des inconvénients aux deux méthodes, mais quelle que soit la méthode utilisée, il doit être possible d'endosser la combinaison d'une seule main et la fermeture à glissière doit être de bonne qualité sinon la combinaison laissera pénétrer l'eau;
  • il est préférable que les gants soient séparés et rangés dans une pochette sur la manche plutôt qu'incorporés à la combinaison;
  • la meilleure option est d'intégrer des bottes en caoutchouc de type Wellington à la combinaison, mais elles doivent être fournies de la bonne taille. Il est possible que par nécessité et pour des raisons économiques, on fournisse des chaussettes extensibles à la place;
  • il existe maintenant une vaste gamme de tissus pour l'enveloppe extérieure d'une combinaison et pour la sous-combinaison thermique. Il est plus facile de laver et d'entretenir une combinaison dont la sous-combinaison est séparée et que l'on peut utiliser comme couche isolante, s'il y a lieu;
  • somme toute, la combinaison à habillage rapide à utilisation unique fermée au cou par une cordelière fournit un compromis pratique et économique qui a fait ses preuves lors de la guerre des Malouines. Elle est très utile pour être enfilée rapidement par-dessus des vêtements au moment d'abandonner le navire.

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