Partie 6 - Exercises avancés

Remarque : Les exercices de la présente section ne sont pas obligatoires dans la formation en vue de la qualification de base sur hydravion. Ils servent plutôt à enrichir la formation des pilotes qui désirent piloter des hydravions à titre de pilote professionnel ou qui souhaitent tout simplement se perfectionner.

Manoeuvrer vers une rampe

Connaissances de base essentielles

Expliquer comment construire une rampe et les types de rampes existants (en béton, en bois) ainsi que les types de remorques pertinentes.

Expliquer que les flotteurs d'un hydravion risquent d'être endommagés en montant sur une rampe en béton. Par conséquent, la remorque doit être insérée sous les flotteurs pendant que l'hydravion se trouve dans l'eau. Cette remorque est dite « surbaissée ». L'hydravion repose alors sur la quille des flotteurs ce qui expose le fond des flotteurs à des pressions et cause des fuites éventuellement.

Expliquer que si l'hydravion peut monter sur une rampe en bois, la remorque peut alors être placée entre les flotteurs et soulevée hydrauliquement pour supporter l'hydravion sous les barres d'écartement des flotteurs. Cette méthode est préférable puisque moins de contraintes sont exercées sur le fond des flotteurs et que la remorque peut facilement être retirée pour servir à d'autres hydravions.

Expliquer comment manoeuvrer vers une rampe, et aborder les points suivants :

  • l'effet du vent et du courant sur les approches vers la rampe
  • l'efficacité des gouvernails marins pour garder la maîtrise directionelle
  • la proximité d'autres aéronefs ou d'autres objets
  • l'utilisation convenable de la manette des gaz et des commandes de l'hydravion
  • la manière de s'assurer qu'il y a assez d'eau autour de la rampe
  • l'utilisation des annuaires des marées

Expliquer l'importance de prévoir une manière de se sortir d'un pétrin éventuel.

Expliquer comment quitter une rampe, et aborder les points suivants :

  • l'effet du courant et du vent
  • la manière de s'assurer qu'il y a assez d'eau autour de la rampe
  • l'utilisation des annuaires des marées
  • l'utilisation convenable de la manette des gaz pour éviter que l'eau ne cause des dommages et pour contrer le couple moteur
  • la manière d'éviter d'endommager les gouvernails marins au départ de la rampe

Conseils à l'instructeur

  • Les manoeuvres vers une rampe sont un autre aspect du monde des hydravions qui ne laisse habituellement place à une seule manière d'exécution. Le courant est d'ordinaire perpendiculaire à la rampe, et le vent peut aussi entrer en jeu. Puisqu'il est dangereux de tomber à côté de la rampe, il est très important de garder la maîtrise directionelle. Il faut toujours savoir quoi faire au cas où la manoeuvre vers la rampe ne se déroulerait pas comme prévue. Le pilote doit s'aligner sur la rampe à une bonne distance afin d'avoir le temps d'évaluer l'effet du vent, du courant et de ses sollicitations sur la commande de direction.
  • Aborder la profondeur minimale nécessaire de l'eau autour de la rampe, les courants et la manière de construire une rampe.
  • Au départ de la rampe, il est important d'observer l'effet combiné du vent et du courant et l'effet du couple moteur pour solliciter convenablement la manette des gaz afin d'éviter que l'eau cause des dommages et que le moteur surchauffe.
  • Au préalable, il faut vérifier s'il y a d'autres aéronefs et des objets à proximité.
  • Toujours prévoir une solution de rechange en cas de problème.
  • Se rappeler d'abaisser les gouvernails marins au moment opportun. Les talons des flotteurs ne doivent pas entrer en contact avec la rampe, et l'eau doit être assez profonde pour que les gouvernails ne s'abÎment pas. Cependant, il faut les abaisser assez tôt pour que l'hydravion puisse être dirigé loin des obstacles.
  • Si la mise sur rampe est exécutée avec de l'aide, s'assurer que la ou les personnes visées ont les compétences nécessaires pour offrir cette aide.
  • TOUJOURS ESSAYER DE PRéVOIR LE COMPORTEMENT DE L'HYDRAVION.

Leçon en vol et pratique de l'élève

Montrer comment évaluer la situation avant de monter sur la rampe ou d'en descendre.

Montrer comment s'approcher et monter sur la rampe et comment en descendre et s'en éloigner, et demander à l'élève de pratiquer.

Décollage court

Connaissances de base essentielles

Demander à l'élève de revoir les éléments d'un décollage normal.

Demander à l'élève de revoir les diagrammes de performances au décollage, d'appliquer les règles empiriques et de reconnaître les nombreuses variables qui influent sur les données. La plupart des variables risquent d'augmenter sensiblement les données publiées.

Expliquer les procédures recommandées par le fabricant concernant le réglage des volets, les vitesses et les techniques. Insister sur l'importance de suivre ces procédures et de ne pas se laisser berner par les discussions informelles ("hangar talk") que l'élève a pu avoir avec d'autres pilotes.

Revoir les variables environnementales qui sont favorables à la portance, qui permettent de minimiser les obstacles et d'éviter les zones de courants descendants, et ainsi de suite.

Revoir la manière de « lire » l'eau.

Conseils à l'instructeur

  • Il est presque toujours préférable d'emprunter une zone de décollage court simulée (une baie ou une zone restreinte par des Îles par exemple), mais il faut toujours prévoir une solution de rechange en cas de problème.
  • Les exercices effectués au même endroit, mais dans des situations environnementales différentes, aident particulièrement l'élève à apprendre que les variables peuvent avoir des effets très importants.
  • Éviter d'utiliser le même endroit pour tous les exercices de décollage court. Laisser l'élève plus avancé évaluer lui-même de nouvelles situations et développer son jugement en analysant les variables dans la zone utilisée.
  • Laisser à l'élève trop sûr de lui le temps de faire l'apprentissage de nombreuses techniques différentes. Dans la même zone ensuite, adopter la technique normale pour l'aider à reconnaître qu'il ne faut jamais oublier que « plus on s'acharne à maîtriser une technique, plus ça prend du temps ».

Leçon en vol et pratique de l'élève

Montrer comment évaluer la situation avant d'entreprendre un décollage court.

Montrer comment effectuer un décollage court, et demander à l'élève de pratiquer.

Décollage sur eau agitée

Connaissances de base essentielles

Demander à l'élève de revoir les éléments d'un décollage normal.

Expliquer comment déterminer si l'aire de décollage est convenable et ne risque pas de soumettre l'hydravion à des contraintes inutiles.

Expliquer comment déterminer la meilleure aire de décollage et envisager le choix de l'attente de conditions plus favorables.

Revoir la conception de la coque d'un flotteur et la meilleure assiette dans de grosses vagues.

Revoir quel dommages les éclaboussements d'eau peuvent causer à l'hélice et expliquer comment les minimiser en affichant la puissance de décollage au bon moment.

Discuter du risque de dommages à la structure des flotteurs, aux haubans, à la cellule, au matériel électronique, etc.

Revoir les méthodes utilisées pour vérifier l'état des montants en V (s'il y a lieu) et l'intégrité des fixations des flotteurs pendant l'inspection prévol.

Conseils à l'instructeur

  • L'exercice doit être exécuté, mais il n'est pas nécessaire qu'il le soit quand les vagues sont à leur maximum. La plupart des techniques utilisées peuvent être enseignées efficacement dans des conditions qui ne mettent pas à l'épreuve l'intégrité structurale de l'hydravion. Un clapotis vigoureux pourrait très bien convenir.

Leçon en vol et pratique de l'élève

Montrer comment évaluer la situation avant d'entreprendre un décollage en eau agitée.

Montrer comment effectuer un décollage en eau agitée, et demander à l'élève de pratiquer.

Décollage dans une zone confinée

Connaissances de base essentielles

Demander à l'élève de revoir les éléments d'un décollage normal.

Revoir la manière de circuler sur le redan.

Expliquer les situations de vol inhabituelles.

Revoir la manière d'évaluer les facteurs environnementaux.

Conseils à l'instructeur

  • Il est préférable d'exécuter cet exercice dans une zone confinée simulée.
  • Cet exercice améliorera énormément les compétences de l'élève à garder la maîtrise de l'hydravion et perfectionnera l'exécution des techniques utilisées dans de nombreux autres exercices.

Leçon en vol et pratique de l'élève

Montrer comment évaluer la situation avant d'entreprendre un décollage dans un endroit confiné.

Montrer comment exécuter un décollage dans une zone confinée, et demander à l'élève de pratiquer.

Approche et amerrissage sur plan d'eau agitée

Connaissances de base essentielles

Expliquer la plage d'assiettes dans lesquelles un amerrissage peut être complété en sécurité en fonction de différentes hauteurs des vagues.

Expliquer l'importance d'exécuter l'approche au moteur et de régler les volets à la position demi-volets.

Expliquer qu'il faut augmenter la vitesse l'équivalent de la moitié de la vitesse du vent en présence de turbulence (présence de « pattes de chat »).

Expliquer que le toucher doit être fait au moteur, et en assiette de redan, ou légèrement plus cabré.

Expliquer qu'un amerrissage en cabré force le talon des flotteurs à toucher l'eau en premier et fait aussitôt basculer la partie avant dans l'eau.

Expliquer que, dès que l'hydravion a traversé quelques crêtes de vagues et que le pilote a décidé de terminer l'amerrissage, il peut réduire la puissance et tenir l'appareil à l'horizontale ou sur le redan, en poussant légèrement sur le manche. La quille des flotteurs peut ainsi couper les vagues, et la traînée s'accentue sur la partie avant du dessous des flotteurs, ce qui a pour effet de ralentir l'hydravion.

Expliquer l'importance d'éviter les amerrissages en cabré accentué.

Expliquer l'importance d'éviter de tirer sur le manche après la réduction de puissance et pendant que l'hydravion ralentit. Le fond des flotteurs risquerait de frapper dans les vagues et de marteler inutilement l'appareil.

Expliquer qu'il est important de ne pas amerrir moteur coupé, car il serait alors impossible de contrôler le taux de descente, et le toucher risquerait de se produire avec une assiette en cabré accentué. Interrompre un amerrissage moteur coupé serait aussi dangereux que de rester sur l'eau.

Expliquer que, dans une situation d'urgence telle qu'une panne moteur, il faut augmenter la vitesse d'approche jusqu'à 20 noeuds de la vitesse d'approche normale et profiter de cette vitesse pour mieux maîtriser l'arrondi et le taux de descente. Cet exercice devrait avoir lieu sur eau agitée, étant donné que la plupart des pilotes feront remonter l'appareil pendant l'arrondi au cours de leurs premières tentatives.

Expliquer que les amerrissages par vent de travers peuvent surcharger les fixations des flotteurs lors du premier contact avec les vagues. En outre, lorsque l'hydravion relentit et quitte l'assiette de redan (assiette de cabré accentué et faible vitesse), l'appareil suit les vagues en roulis, et l'aile dans le vent est soulevée par le vent et risque de submerger un flotteur. Les ailerons et la gouverne de direction sont alors inefficaces.

Conseils à l'instructeur

  • Puisque'il est souvent difficile de savoir si les vagues sont trop hautes avant le toucher, il faut être prêt à interrompre l'amerrissage après avoir touché de 3 à 5 crêtes. La puissance doit donc être relativement élevée après le premier contact et, sur certains hydravions, il ne faut pas afficher plus que mi-volets. Le simple fait de mettre la puissance de décollage devrait aussitôt faire remonter l'appareil.
  • Dans les meilleures conditions, les amerrissages sur eau agitée mettent l'hydravion à rude épreuve. Non seulement ce dernier est martelé par les vagues, mais l'eau risque également d'éclabousser l'hélice. L'éclaboussement est également difficile à éviter pendant la circulation à bas régime. Le fuselage de certains hydravions se tordra véritablement pendant les virages dans les vagues.
  • Trois buts doivent être visés pour réussir un amerrissage en eau agitée. D'abord, il faut toucher légèrement les vagues en assiette de redan ou légèrement en cabré. Ensuite, il faut être prêt à interrompre l'amerrissage après le toucher. Finalement, il faut minimiser l'impact ou le martellement.
  • Chaque fois qu'un hydravion se pose sur un plan d'eau agitée, le pilote doit maintenir une assiette qui minimise le martellement. Cette assiette varie en fonction de la taille de l'hydravion et de ses flotteurs.

Leçon en vol et pratique de l'élève

Montrer comment évaluer la situation avant d'entreprendre un amerrissage sur eau agitée.

Montrer comment exécuter une approche et un amerrissage sur eau agitée, et demander à l'élève de s'y pratiquer.

Virages sur le redan

Connaissances de base essentielles

Expliquer la manière d'exécuter un virage sur le redan.

Expliquer la traînée hydrodynamique des flotteurs et la tendance au capotage causée par la force centrifuge produite pendant le virage.

Conseils à l'instructeur

  • S'assurer que l'élève est prêt à effectuer des virages sur le redan, avant d'en faire la démonstration. Ces virages doivent toujours être de grands virages. L'instructeur doit surveiller de près les sollicitations de la gouverne de direction par l'élève. La cadence du virage varie et doit être contrôlée.
  • Insister sur le fait que les virages sur le redan sont un exercice de formation et qu'ils sont très peu utilisés en pratique.
  • Préciser que, pendant la formation, on peut exécuter des virages sur le redan de 360 degrés, mais qu'en réalité on les limite souvent à 180 degrés.

Leçon en vol et pratique de l'élève

Montrer comment exécuter un virage sur le redan, et demander à l'élève de pratiquer.

Ravitaillement à partir de barils de carburant

Connaissances de base essentielles

Expliquer comment éviter que le carburant soit contaminé, et aborder les points suivants :

  • Ne pas utiliser de barils non scellés à moins que vous sachiez quand les barils ont été ouvert.
  • Vérifier la date sur les barils.
  • S'assurer que les barils à utiliser sont rangés de manière à ce que ni l'eau ni d'autres résidus puissent recouvrir les bouchons.
  • Placer les barils à l'ombre pour éviter de grandes variations de température.
  • Filtrer le carburant avant de l'utiliser.

Leçon et pratique de l'élève

Faire la démonstration d'un ravitaillement à partir d'un baril, et demander à l'élève de pratiquer.

Transport de charges externes

Connaissances de base essentielles

Expliquer comment il est légal de transporter des charges externes seulement avec un avion qui a reçu une certification de navigabilité pour ce genre de transport.

Expliquer que les limites donnés dans le manuel de vol de l'aéronef doivent être respectées.

Expliquer qu'une charge pesante, asymétrique externes, tel que du bois peut avoir un effet drastique sur la réponse des ailerons.

Expliquer l'importance d'employer des arrimages doubles pour attacher solidement la charge à l'hydravion afin que le bris d'une simple attache d'arrimage ne provoque pas un relâchement de la charge.

Expliquer qu'une charge externe peut devenir un handicap sévère à l'évacuation de l'hydravion soit en configuration de décollage ou d'atterrissage.

Expliquer l'effet de l'emplacement de la charge sur l'écoulement de l'air. Par exemple, si elle est placée juste derrière l'hélice, l'augmentation de la pression, causant une cavitation tellement près de la source statique que la lecture des instruments seront sevèrement touchée ou rendue inutilisable. Un autre exemple, serait que la charge placée près de l'admission ou de l'échappement (air de refroidissement ou de réchauffage) pourait avoir pour effet de reduire les performance de telles sources.

Expliquer, si possible, comment se servir convenablement du matériel de transport de charges externes (râtelier pour canot).

Expliquer l'importance de placer certaines charges externes, tel qu'un bateau ou un canot, de façon à prévenir qu'une quantité importante d'eau soit coincée durant la course au décollage.

Souligner que, en général, les charges externes ne sont pas assurées (en cas d'accident, s'il est démontré que l'accident a été causé par cette charge, certaines compagnies d'assurance ne verseront aucune indemnité).

Expliquer l'arrimage d'une charge en abordant les points suivants :

  • comment l'arrimer pour qu'elle ne présente aucun danger pour l'hélice
  • comment respecter les limites de largeur (entre le fuselage et le dessus des flotteurs)
  • comment respecter les limites de masse
  • la forme aérodynamique de la charge
  • l'utilisation de câbles, cordages et courroies convenables et qui ne présentent aucun danger

Expliquer l'effet d'une charge externe sur les performances de l'hydravion, et aborder les points suivants :

  • distance de décollage plus longue à cause de la traînée
  • montée plus lente
  • vitesse de croisière plus lente
  • mouvement de lacet prononcé
  • risque que la charge bloque l'écoulement d'air sur la gouverne de profondeur ou de direction

Conseils à l'instructeur

  • Le pilote est libre d'accepter ou de refuser une charge externe et, s'il l'accepte, il en assume la responsabilité.
  • Doubler ou tripler la masse selon le volume ou l'aérodynamique de la charge, ou les deux.
  • S'assurer que la charge est immobile dans les axes de vol.
  • Dans le cas d'un canot à marchandises (une extrémité plate), placer cette extrémité à l'avant pour réduire la traînée.
  • S'assurer que la charge n'entre pas en contact avec les gouvernails marins ou les câbles.
  • En vol, jeter régulièrement un coup d'oeil sur la charge.
  • Vérifier régulièrement les instruments moteur (surveiller les surchauffes).

Ressources pour la formation élémentaire sur hydravion

Transports Canada

  1. Manuel de pilotage
  2. Guide de l'instructeur de vol
  3. Facteurs humans en aviation, (disponible fin 1996)
  4. Sécurité aérienne — Nouvelles

Bureau de la sécurité des transports

  1. Rapports d'enquête sur fait aéronautique

Santé Canada

  1. Guide à l'intention des pilotes : facteurs médicaux et humains

Lectures suggérées

  1. J.J. Frey, How to Fly Floats, EDO Float Corporation.
  2. Marin Faure, Flying a Floatplane, TAB Books.
  3. Pierre Rivest, Pilote de brousse.
  4. Dale de Remer, Water Flying Concepts, IAP, Inc.