Attitudes des conducteurs à l'égard des excès de vitesse et de la gestion de la vitesse: étude quantitative et qualitative


Préparé par :
Les Associés de Recherche EKOS Inc.

Préparé pour :
Transports Canada
Sécurité des véhicules automobiles
Division de l'utilisateur routier


Mai 2005
TP14756 F


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Sommaire

La présente étude menée pendant les mois de mars et avril 2005 porte sur de larges aspects de l'attitude des chauffeurs à l'égard des excès de vitesse. Les enjeux particuliers examinés au cours de cette étude comprennent la perception de la sécurité routière des chauffeurs, l'ampleur de leurs excès et leurs raisons pour ce faire, la connaissance des répercussions potentielles de l'excès de vitesse, ainsi que leurs réactions et appuis à d'éventuelles mesures de réduction de la vitesse sur les routes du Canada.

La méthodologie de recherche de cette étude a été divisée en deux volets. Au premier volet, on a mené un sondage téléphonique auprès d'un échantillon aléatoire de 2 002 Canadiens de 16 ans ou plus qui avaient conduit un véhicule automobile au cours du dernier mois. Ce sondage a été effectué entre le 16 mars et le 5 avril 2005. Les données du sondage ont été pondérées en fonction de l'âge, du sexe et de la région afin de garantir que les résultats sont représentatifs de la population canadienne de 16 ans ou plus. Étant donné la taille de l'échantillon (2 002), les résultats sont sujets à une marge d'erreur de plus ou moins 2,2 points de pourcentage à un niveau de confiance de 19 sur 20.

Au deuxième volet de l'étude, on a tenu 12 groupes de consultation dans six centres à travers le Canada. Ils étaient composés de chauffeurs de 16 ans ou plus qui conduisaient un véhicule automobile au moins une fois par semaine. La raison d'être de cet aspect qualitatif de l'étude était d'apporter des précisions aux résultats du sondage et de servir de guide à l'éventuel développement d'une campagne publique de sensibilisation.

Constatations clés

En général, les Canadiens considèrent que les excès de vitesse sont dangereux et ils les associent aux risques accrus de collisions, de blessures et de décès. La plupart des gens sont également très conscients des répercussions économiques (p. ex., une plus grande consommation d'essence), mais les conséquences potentielles sur l'environnement sont plus difficiles à comprendre et sont considérées moins importantes.

Les chauffeurs canadiens ne s'entendent pas sur les tendances relatives à la sécurité routière. Par exemple, les répondants au sondage divergent d'opinion sur la sûreté et la sécurité du transport routier au Canada (33 % le considèrent peu sécuritaire alors que 27 % pensent le contraire), tandis que la majorité des membres des groupes de consultation croient que la conduite automobile devient de moins en moins sécuritaire. Malgré ces divergences d'opinions, de nombreuses personnes conviennent que les excès de vitesse (47 %), la distraction du chauffeur (41 %) et la conduite en état d'ébriété (27 %) sont les causes principales des collisions routières graves. D'après les chauffeurs canadiens, quatre des six principales causes de collisions sur les routes canadiennes sont le résultat de décisions conscientes des conducteurs.

En général, nous constatons que la définition de l'excès de vitesse est plutôt élastique, que les Canadiens se perçoivent comme dépassant moins la limite de vitesse que les autres chauffeurs, et que leurs évaluations et descriptions de leurs propres excès de vitesse sont souvent anodines. Sept sur 10 chauffeurs admettent qu'ils conduisent plus vite que la limite permise au moins à l'occasion, surtout sur les autoroutes (81 %). L'excès de vitesse moyen est dépasse la limite de 12 kilomètres sur les autoroutes, de 10 kilomètres sur les routes à deux voies et les chemins ruraux, et de 7 kilomètres sur les avenues résidentielles. Du point de vue de la définition de l'excès de vitesse, de nombreuses personnes croient que même si « rigoureusement parlant » elles dépassent la limite de vitesse, leur conduite ne met en danger ni elles-mêmes, ni les autres. En outre, un chauffeur sur deux (52 %) est d'avis qu'il faut se conformer au rythme de la circulation, peu importe la limite de vitesse. Il est également intéressant de constater que la plupart des gens considèrent qu'il est aussi dangereux de conduire à 20 kilomètres en dessous de la limite, qu'à 20 kilomètres au dessus.

Les gens qui ont admis dépasser la limite de vitesse sont plus portés à le faire parce qu'ils veulent éviter d'être en retard (57 %), parce qu'ils considèrent que la limite de vitesse est trop faible (51 %) ou parce qu'ils ne font pas attention à la vitesse à laquelle ils conduisent (51 %). Seulement un sur cinq chauffeurs dit qu'il aime la sensation de vitesse et que c'est pour cela qu'il conduit très vite (par contre, tant la recherche qualitative et l'analyse de régression suggèrent que ce facteur est relié aux cas d'excès de vitesse extrêmes).

Les résultats de l'analyse typologique divisent les Canadiens en cinq cohortes distinctes. Environ 30 % des chauffeurs sont dans deux groupes caractérisés par leur tendance à 1) faire plus d'excès de vitesse que d'autres chauffeurs et 2) entretenir une attitude moins négative par rapport aux excès de vitesse et à leurs conséquences potentielles. De plus, les chauffeurs de ces deux groupes conduisent à de plus grandes vitesses quand ils dépassent la limite. Les membres d'un groupe (les risque-tout) semblent vouloir dépasser les limites de vitesse parce qu'ils aiment courir des risques et défier l'autorité. En somme, ils aiment cela et le font exprès. Le second groupe composé de rapides pragmatiques font des excès de vitesse pour des raisons pratiques : ils veulent arriver à destination aussi rapidement que possible. Ils sont conscients de faire de la vitesse.

On a demandé aux chauffeurs canadiens de déterminer quels sont les désavantages principaux des excès de vitesse. Conformément aux autres résultats du sondage et constatations qualitatives, nous remarquons que le risque accru de collision (cité par 51 % des répondants au sondage) est cité le plus souvent. En second lieu, environ un tiers des chauffeurs citent le risque accru de blessures à la suite de collisions et celui de recevoir une contravention.

Même si presque un sur 5 répondants (18 %) pense que les excès de vitesse consomment plus d'essence, ils sont peu nombreux (6 %) à nommer les effets néfastes des excès de vitesse sur l'environnement (comme les changements climatiques et la pollution atmosphérique). De fait, les opinions et la connaissance au sujet des excès de vitesse et de leurs liens aux changements climatiques sont floues. Quoique les preuves scientifiques démontrent que les excès de vitesse contribuent effectivement aux changements climatiques, seulement la moitié (environ 45 %) des chauffeurs le croient (et environ la même proportion — 47 % — dit que c'est faux).

Malgré la propension des chauffeurs à dépasser la limite de vitesse en dépit de leur conscience des effets potentiellement négatifs, ils semblent nombreux à appuyer l'établissement de mesures pour freiner ces excès. Les résultats démontrent qu'ils donnent l'appui le plus fort à l'utilisation accrue de panneaux routiers électroniques pour prévenir les chauffeurs quand ils dépassent la limite de vitesse (72 % des répondants au sondage pensent que c'est une bonne idée), ainsi que de systèmes électroniques à bord qui indiquent les vitesses au-delà de 110 km/h (la recherche qualitative suggère que bien des gens présument que ce type d'équipement serait optionnel ou contrôlé par le chauffeur). Ces deux approches sont considérées comme étant assez inoffensives et bon marché, mais probablement plus efficaces pour les chauffeurs inattentifs que pour ceux qui sont conscients de conduire trop vite (c.-à-d., les risque-tout et les rapides pragmatiques).

Bon nombre des autres stratégies de réduction de la vitesse sont également considérées comme étant utiles. Cela comprend l'application accrue de la loi par la police (67 %) et la technologie des « boites noires » pour collecter des données en vue des enquêtes sur les accidents (62 %). (En ce qui a trait à cette dernière, la recherche qualitative suggère qu'on y adhère plus pour la perception de sa valeur comme instrument d'enquête sur les accidents que pour son potentiel dissuasif.) L'idée de réduire de 10 kilomètres la limite de vitesse sur les routes à deux voies et les chemins ruraux a recueilli le moins d'appui tant des répondants au sondage que des participants aux groupes de consultation. 58 % des répondants au sondage ainsi que la majorité des participants aux groupes de consultation considèrent que cette stratégie de réduction de la vitesse est une mauvaise idée.

On appuie fortement l'idée d'une campagne publique de sensibilisation et d'éducation visant la réduction des excès de vitesse. Il est cependant utile de réitérer que la recherche qualitative suggère qu'il y aurait encore un appui plus ferme à l'égard d'une campagne intégrée qui viserait la réduction de toutes les formes de conduite dangereuse, y compris les excès de vitesse. Les chauffeurs canadiens pensent que le contrôle policier est le meilleur moyen immédiat de réduire les excès de vitesse. Mais un nombre important de chauffeurs pense que le marketing social représente la meilleure façon d'effectuer un changement culturel pour adopter une culture faisant de l'excès de vitesse (et d'autres comportements dangereux) une chose inacceptable, et donc relativement rare.

Comme il est mentionné plus haut, les répercussions environnementales ne sont pas les premières à venir à l'esprit, comme le révèlent plusieurs indicateurs (p. ex., seulement 45 % des répondants sont d'accord que la conduite qui dépasse la limite contribue aux changements climatiques). Étant donné que la plupart des gens comprennent la corrélation positive entre la vitesse et la consommation d'essence, ils sont capables de faire le lien si on les y encourage. Ce lien apparaît plus important du point de vue des communications, en ce que les messages sur les répercussions environnementales seraient plus facilement compris s'ils étaient liés de très près aux messages importants et résonnants sur les effets financiers des excès de vitesse, surtout en ce qui à trait à la consommation d'essence. Malgré le fait qu'ils ne connaissent pas bien les effets environnementaux des excès de vitesse, il faut noter que 81 % des répondants au sondage se disent soit très intéressés (55 %), soit moyennement intéressés (26 %) à recevoir des informations sur les moyens de diminuer les répercussions des excès de vitesse sur l'environnement.

Les suggestions sur les messages portent sur les trois catégories principales de répercussions négatives des excès de vitesse (la santé, l'économie et l'environnement) à communiquer par une combinaison d'arguments émotifs et logiques. Concernant la spécificité des messages, une des lacunes clés de la connaissance semble porter sur le lien entre la vitesse et le risque (tout en gardant constantes les variables contextuelles comme la condition des routes) : à quel rythme est-ce que le risque augmente quand on conduit à 120 km dans une zone de 100 km? À 140 km? Du point de vue environnemental, la question clé est la suivante : Quelle est l'importance de l'impact du chauffeur canadien moyen sur l'environnement (en se basant sur les moyennes de distances, types et vitesses de conduite automobile? Une personne « tue » combien d'arbres?

L'analyse à plusieurs variables suggère que les efforts de communication devraient être concentrés sur la modification des attitudes et du comportement des risque-tout et des rapides pragmatiques, car ils présentent les plus grands dangers. Étant donné que leurs raisons pour dépasser la limite de vitesse sont très différentes (et que leurs caractéristiques démographiques sont très marquées), les communications devraient être adaptées à chaque groupe. Cependant, il est révélateur de constater que les deux groupes ont tendance à diminuer la probabilité accrue de collisions, de blessures et de décès causés par les excès de vitesse. Cela suggère que ce pourrait être un thème commun de communication aux deux groupes.

 

 

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